Rethinking the Divide: The Natural and the Artificial in Contemporary Jewellery (2/3). Spotlight Artworks by Klimt02

La représentation de la nature est à la fois la reproduction habile des objets et des êtres tels qu’ils existent dans le monde naturel, mais aussi une manière de recréer ce monde une seconde fois, grâce aux moyens dont dispose l’homme. Cette seconde création, opérée par la technique et par un système de procédés, qui peuvent eux-même être considérés comme une extension des capacités naturelles de l’être humain, devient ainsi un vecteur de l’expression de ce qui nous semble naturel.


Partie II: Façonner la Nature: L'Interconnexion Entre le Naturel et l'Artificiel

Depuis des siècles, l’art trouve son inspiration dans la nature, cette source même de toute chose. Des artistes s’inspirent de la nature observable et palpable, tandis que d’autres, par le biais d’expérimentations, parviennent à reproduire des objets semblant extraits directement du monde naturel. Cette approche nous invite à réfléchir sur l’authenticité des choses, qui, parfois, déjouent nos perceptions et agissent comme des trompe-l’œil, tant visuels qu’intellectuels.

Renvoyant à l’essence même de l’existence, la nature de toute chose implique un système temporel et un processus de croissance des formes, qui peut lui même être semblable au processus créatif qui, à travers une série de gestes naturels souvent intuitifs au départ, engage une expérimentation continue entre l’esprit et la main, entre conceptualisation et matérialisation. Ce processus soulève une question fondamentale: Où se termine le naturel et où commence l’artificiel ? C’est l’authenticité de ce qui semble profondément naturel qui est mise en jeu.


Certains artistes, en représentant des éléments naturels, en manipulant génétiquement les matériaux ou en s’inspirant des processus génératifs de la nature, interrogent la coexistence du naturel et de l’artificiel, mettant en lumière la tension omniprésente entre ces deux mondes et la frontière si mince qui les sépare.


Dans son travail, Xiaoli Ning s'inspire de la manière dont les lettrés chinois représentent les plantes à travers la calligraphie, la poésie et la peinture traditionnelles. En évoquant la beauté sublime de la nature, l’artiste façonne des espèces florales en céramique et en argent, et crée des images qui suscitent le doute sur leur réalité. Ces représentations intemporelles dépassent le monde tangible et utilisent la nature comme symbole, tout en mettant en évidence leur dimension artificielle.


Xiaoli Ning. Brooch: Harmony & Light 2, 2023. Ceramic, sterling silver, semi-precious stone. Photo by Hua Chen.


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Le travail de Terhi Tolvanen interroge notre lien à la nature en mettant celle-ci en tension constante avec la notion d’artifice. En mêlant des matériaux précieux à d’autres, directement extraits de la nature et assemblés à l’aide de colle, de ciment ou de résine, l’artiste finlandaise crée un nouveau vocabulaire du monde naturel.

Cette mise au point d'une nature artificielle, figée et déportée hors du rythme des saisons, est enjolivée par des manipulations génétiques, fruits de l’imagination et de la grande habllité manuelle et technique de l'artiste. La beauté sublime recherchée par Terhi Tolvanen constitue en fait une dénonciation de la trop grande intervention humaine sur la nature, elle opère telle une mise en garde des périls encourus en retour par I’homme.
/ Extrait du catalogue de l’exposition Un peu de terre sur la peau, MAD Paris, 2012.

Terhi Tolvanen. Brooch: Kutu 2, 2013. Pearls, cement, composite.


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Des périls encourus vous dites? C’est ce que j’ai pu visualiser devant la broche Dryland de Helen Britton, qui évoque la vulnérabilité de l’Australie, où l’artiste a passé son enfance, une région de plus en plus exposée aux conditions météorologiques extrêmes amplifiées par l’activité humaine.

Dans son travail, Helen Britton utilise souvent la confrontation entre le naturel et l’intervention humaine: Il y a ensuite la question de la nature. Je viens d’un pays où le naturel semble artificiel, et je vis maintenant dans un environnement qui a été artificiellement construit depuis tellement longtemps qu'il semble naturel. Cette notion de nature devient ainsi floue, ouvrant un terrain d’échanges et d’interprétations. Cette confrontation lui permet de mettre en tension des matériaux glanés, des fragments collectés, éléments construisant ses miniatures paysages théâtraux et des réponses émotionnelles au monde matériel.


Helen Britton. Brooch: Dryland, 2008. Silver, plastic, paint, stone.


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Le naturel, c’est aussi le corps humain, et Katja Prins y explore sa relation avec les technologies médicales. Son travail interroge la fine frontière entre le corps organique et les interventions technologiques, rendant parfois les deux indissociables. Comme l'explique l'artiste dans une interview avec AJF: Pour moi, la technologie et l'humain ne sont pas séparés. Ce qui m'intéresse, c'est leur dissemblance, qui crée une certaine tension, et j'aime ça.

Dans sa série Offspring, on y découvre certains arrangements floraux construits avec des matériaux stériles issus de la chirurgie dentaire. Ce qui semblait familier, une forme florale convoquant des significations culturelles et historiques, devient déstabilisant sous les mains de l’artiste. En mêlant précision technique et esthétique organique, elle nous pousse à repenser nos conceptions du vivant et de l’artificiel. S'inspirant des méthodes botaniques simplifiées, Katja crée des métaphores qui interrogent la nature profonde des choses, nous invitant à remettre en question nos certitudes sur ce qui constitue le naturel et à envisager un monde où les frontières entre l’humain, la technologie et la nature deviennent floues, voire invisibles.

 Katja Prins. Offspring Brooch, 2015. Chrome, resin, pearls.

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À première vue, le travail de Simon Cottrell semble être une interprétation formelle d’une nature aseptisée et encapsulée par l’intervention humaine. Cependant, l’artiste s’inspire des principes fondamentaux de la croissance des plantes et matérialise l’idée que la morphologie dynamique du végétal reflète et métaphorise le processus humain d’improvisation créative structurée.

Chez les plantes, l’ADN fixe des paramètres de développement ; dans la création artistique, ce sont nous-mêmes qui établissons ces cadres, consciemment ou non. Si ses pièces évoquent la nature, elles ne cherchent pas à la représenter mais à en traduire les processus sous-jacents. Chaque pièce devient l’exploration d’un développement formel inspiré de ce processus génératif, en constante évolution. 
Simon privilégie une approche intuitive, laissant les formes émerger progressivement, tout en respectant un ensemble strict de contraintes liées aux matériaux et aux techniques. Cette méthode donne une métaphore visuelle de la nature, à la fois épurée et d’une complexité infinie, comme la feuille qui, bien que semblant simple dans sa forme, cache une structure interne d’une richesse inépuisable.

Simon Cottrell. Brooch: Six Semi Focussed Drops, 2010. Monel 400, stainless steel.


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Cette deuxième partie a amorcé une réflexion sur l’évolution de la relation entre l’homme et l’environnement à l’ère de l’Anthropocène. La troisième partie approfondira cette réflexion à travers une sélection de pièces où les artistes, inspirés par ce monde en rapide mutation, utilisent l’omniprésence de l’artificiel pour redéfinir la nature, sa place et créer de nouvelles narrations.